La Ford Motor Company of Canada est la plus ancienne compagnie automobile au Canada. Elle a été fondée le 17 aout 1904, quand le charron Gordon McGregor de Walkerville, Ontario, signa une entente avec Henry Ford, pour fabriquer les automobiles produites par ce dernier, mais en sol canadien. Il ne s’agissait pas d’une filiale, mais bien d’une compagnie dument constituée, qui achetait les brevets détenus par Ford, pour produire des véhicules, à être vendus au Canada et dans le Commonwealth, incluant l’Afrique du Sud, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Toutefois, l’Angleterre et l’Irlande en étaient exclues. La première Ford, à avoir été fabriquée au Canada, était une Ford Modèle C, qui sortit de l’usine au mois de septembre 1904. À la fin de la première année de production, 117 Ford avaient été fabriquées. La mission de Ford Canada était d’offrir les véhicules de la marque Ford aux Canadiens. Dès les débuts, Ford Canada, comme les autres marques américaines, au Canada, furent confrontées au problème récurant, propre au Canada, soit une petite population dispersée sur un territoire immense, avec des besoins différents de ceux des Américains. De plus, à cause de l’étroitesse du marché, pour rentabiliser la fabrication d’une automobile, il fallait fixer le prix de vente de cette dernière à 100,00 $ à 200,00 $ plus élevé que celui d’une auto américaine, à une clientèle dont le revenu annuel était inférieur d’environ 1 000,00 $ à celui de la clientèle américaine. Les concessionnaires canadiens, comme les américains, n’offraient qu’une marque, Ford. Puis, avec l’achat de la marque Lincoln, en 1922, suivi par le lancement de la Mercury, en 1939, les choses avaient changé. Au Canada, ces marques étaient vendues par les concessionnaires Ford. Toutefois, avec la déclaration de la Deuxième Guerre, la production automobile avait cessé.
Après la fin de la Deuxième Guerre, les gestionnaires de Ford Canada désiraient augmenter leur part du marché. La décision fut donc prise, en 1946, d’offrir un éventail plus grand de modèles. Pour y parvenir sans avoir à faire des investissements massifs, il fut décidé à créer un nouveau réseau de concessionnaires. Dans un premier temps, ils réunirent les marques Lincoln et Mercury sous la même bannière. Cette fusion laissait les concessionnaires Ford sans rien à offrir dans le haut de gamme, alors que les concessionnaires Lincoln Mercury eux, avaient perdu le bas de gamme. En toute équité, une solution s’imposait, soit de fournir les gammes manquantes à ceux qui avaient été lésés. Pour le faire, Ford utilisa le même stratagème que GM qui déguisait des Chevrolet en Pontiac et Chrysler qui déguisait des Plymouth en Dodge. Ainsi, les 353 concessionnaires Lincoln Mercury offraient la Mercury 118 haut de gamme et la Mercury 114, qui elle, était une Ford habillée en Mercury. Chez les 760 concessionnaires Ford, un nouveau nom arriva. Le haut de gamme était représenté par la Monarch, qui était une Mercury génétiquement modifiée. Cette structure fut conservée jusqu’en 1948, avec des prix légèrement supérieurs pour les véhicules vendus par les concessionnaires Mercury, afin d’établir une gradation des prix de vente. Les Mercury 114 avaient une planche de bord de Mercury légèrement modifiée, alors que leurs intérieurs étaient également de Mercury. Toutefois, la confection du tissu était différente. Elles étaient motorisées par le V-8 de 239,4 p. c. de cylindrée de 100 ch, cependant quelques-unes, des premières produites en 1946 l’étaient par le V-8 221 p. c. dont la puissance était de 93 ch.
Elle était offerte en version DeLuxe et Super DeLuxe, comme son homologue, la Ford, avec les mêmes carrosseries, soit les berlines à deux et quatre portières, coupée d’affaires, berline coupée, décapotable et familiale. La familiale avec une carrosserie en bois était fabriquée, comme les autres de Ford, à l’usine Iron Mountain, au Michigan. Les carrosseries étaient expédiées à Windsor, Ontario, pour être mises sur un châssis de Ford ou de Mercury 114. Seulement 38 furent produites, en 1946 et 22, en 1947. Quelques changements mineurs furent apportés aux Mercury 114, et aux Mercury 118, jusqu’en 1948. Malgré cela, les prix de vente qui se situaient entre 1 166,00 $ et 1 583,00 $, en 1946, augmentèrent à 1 322,00 $ à 1 796,00 $ en 1947, puis de 1 576,00 $ à 1 827,00 $ en 1948. La production de la Mercury 114 se chiffra à 17 682, pour les trois années de sa production. Henry Ford II, petit fils de Henry Ford, avait été nommé au poste de président de la FoMoCo, le 21 septembre 1945. Les premières années de son administration avaient été employées à redresser la compagnie Ford, qui comme suite à la gestion erratique de son grand-père perdait environ 10 millions de dollars par mois. Il avait réuni un groupe d’anciens officiers de l’armée, pour se constituer un groupe de gestionnaires très compétents. Les premières années de son règne furent consacrées à rebâtir la Compagnie. Une fois la Ford Motor remise sur pied, ses ressources furent employées à concevoir de nouvelles voitures pour les marques Ford, Mercury et Lincoln.
Et quelle nouvelle automobile, pour la marque Ford! Le dessin de sa carrosserie était, avec ses lignes avant-gardistes, d’une modernité faisant paraitre ses concurrents complètement démodés, avec leurs ailes vissées à la carrosserie. Celles de la Ford étaient intégrées à la carrosserie. La Ford 1949 n’avait pas qu’une carrosserie ultra moderne. Elle marquait une cassure totale avec les mécaniques conçues sous le règne de Henry Ford. Disparues, les suspensions avec des ressorts transversaux. Disparu, le tube de poussée. Dorénavant, la suspension avant avait des ressorts à boudin, les ressorts arrière semi-elliptiques étaient longitudinaux et l’arbre de couche était de type Hotchkiss. Du côté canadien, on conserva la même structure de vente. Toutefois, le nom Mercury 114 fut abandonné. Sans doute inspiré par la forme de sa calandre qui rappelait une chute d’eau, on lui donna le nom de Niagara. Afin de la différentier le plus possible de la Ford, on y ajouta le maximum de pièces rappelant sa parenté avec la Mercury. Le dessin de la calandre de la Mercury étant horizontal, il fallut modifier le capot, car celui de la Ford avait un arc de cercle au milieu, à cause de la forme de sa calandre. Les types de carrosseries offerts étaient les mêmes que ceux de la Ford, sauf pour la décapotable et la familiale qui étaient absentes. La planche de bord et le moteur V-8 étaient également les mêmes que ceux de la Ford. Ford Canada se distinguait par le fait d’offrir des peintures deux tons, chose que les usines américaines ne pouvaient pas faire. La Meteor 1949 avait une plage de prix s’échelonnant de 1 882,00 $ à 2 134,00 $. Avec des ventes de plus de 23 000 exemplaires, son succès ne fait pas de doute. Elle occupa 10,7 % du marché canadien. Elle se classa au quatrième rang du palmarès des ventes, déclassant Dodge. Des changements mineurs furent apportés aux modèles 1950. Les clients furent agréablement surpris par le fait que les prix de vente avaient légèrement diminués. La décapotable et la familiale faisaient un retour dans les salles d’exposition des concessionnaires Mercury. Notre vedette fait partie des 26 075 Meteor qui ont été fabriquées, en 1950. Son prix de vente était fixé à 2060.00 $. Elle a été achetée par son actuel propriétaire, M. Richard Côté en 1987. Elle fut restaurée en 1989 et roule sans problème, depuis ce temps.